Mais pourquoi les salariés français sont-ils si peu engagés au travail (selon les Américains) ?
L'institut Gallup a réalisé un sondage sur le taux d'engagement des salariés. Celui des Français est parmi l'un des plus bas au monde.

"Clairement, la France travaille et elle travaille bien". Ce compliment, qui précède une longue liste de critiques, est issu d'un sondage de l'institut Gallup sur l'engagement des salariés dans le monde. Sur la partie consacrée à l'Hexagone, le sondeur américain rappelle que la 6ème économie mondiale a l'un des taux de productivité les plus élevés devant l'Allemagne, le Japon ou l'Angleterre mais aussi que sa croissance devrait frôler les 2 % cette année (un chiffre revu depuis largement à la baisse).
Mais c'est sur une autre donnée que s'attarde Gallup : la part d'engagement des actifs, soit les employés qui se disent enthousiasmés par leur emploi et leur entreprise. Elle est inverse à leur force de travail : seulement 6 % d'entre eux sont engagés, en chute de 9 points par rapport à 2017, 74 % ne sont pas engagés et 20 % se déclarent carrément désengagés. Pour Gallup, réussir à expliquer ces chiffres implique de se (re)plonger dans l'histoire de France. Mais une histoire simplifiée, pour ne pas dire qu'on frôle le grand n'importe quoi. A prendre avec des pincettes donc...
La déférence au chef
Centralisatrice et jacobine, la France aime les chefs car ils sont "sensés mieux savoir que les autres", explique Gallup. Et si l'époque est davantage au management collaboratif, cette croyance en une figure d'autorité unique demeure. Ajoutez à cela des syndicats forts, et capables à l'occasion de s'unir, et voici cristallisée l'opposition au leadership des entreprises. Une hostilité qui a instillé une sorte de "nous contre le management ou contre les patrons", poursuit Gallup.
Le désengagement des Français traduirait aussi souvent de graves lacunes du management. Aujourd'hui, 25 % des employés déclarent ne pas pouvoir exprimer leurs opinions, disposer du matériel adéquat pour faire leur travail, et moins de la moitié d'entre eux disent qu'ils sont encouragés dans leur développement. Avec le risque, c'est bien connu en France, que les " travailleurs frustrés organisent des manifestations et parfois des manifestations violentes"...
> "Les cadres font grève en moyenne 0,8 seconde par an"
Manager un jour, manager toujours
Si les managers français ne savent pas faire des retours positifs c'est en partie, lié au système d'éducation. "Les grandes écoles d'ingénieurs françaises se concentrent sur le développement de cadres hautement compétents dotés de compétences techniques. Le management des Hommes n'est pas une priorité. Jusque dans les années 1990, il n'y avait pas de cours de gestion dans ces grandes écoles et la gestion des personnes est une innovation relativement récente dans les écoles de commerce", poursuit Gallup. Pour l'institut, les diplômés des grandes écoles ont également tendance à aider ceux qui sont issus du sérail à gravir les échelons plutôt qu'à encourager les outsiders. Résultat, les entreprises françaises sont moins judicieuses dans leur façon de sélectionner les managers que les entreprises étrangères, en particulier américaines... Mais cela ne "signifie pas que la France dispose d'un bassin peu important de talents", nuance, magnanime, le sondeur. Seulement ils ne sont pas discernés, embauchés et formés pour améliorer significativement le taux d'engagement des Français. De fait, la capacité à bien manager serait sous-estimée en France. D'ailleurs, croit savoir l'institut, "il n'est pas rare que des entreprises françaises refusent de promouvoir à une position de manager des personnes douées dans un rôle technique ou commercial" sans parler de la législation du travail en France qui permet aux "mauvais managers de garder leur position dans l'entreprise à vie".
Le désengagement, un coût pour l'entreprise
Autre raison qui pourrait expliquer que les Français soient faiblement engagés au travail : leurs chefs ne montrent pas l'exemple. Selon l'institut, seulement 8 % des managers sont engagés, soit à peine mieux que les 6 % de collaborateurs. Comment y remédier ? Gallup ne fournit pas de réponses mais incite les entreprises à réfléchir à améliorer leurs pratiques. En effet, selon ses calculs, le désengagement coûterait 97 milliards d'euros à l'économie française. Rien que ça...
Si l'institut enchaîne les stéréotypes concernant la France, son sondage rejoint néanmoins une étude réalisé pour Audencia business school pointant du doigt les erreurs des managers français. Pour les employés, leur supérieur les considèrent comme de "simples numéros parmi tant d'autres" et ils regrettent que leur manager ne soit pas plus présent. Quant à prendre la place du chef, à peine 21 % y songent, les autres estimant la fonction trop stressante mais aussi du manque de reconnaissance que la position de chef implique. Finalement, ce qui est vrai en France c'est l'art de râler, de critiquer mais sans se mouiller...
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